ICÔGRAMMES,

une calligraphie du virtuel


La notion d'icôgraphie - ou "(art) d'écrire et dessiner en images"; mais aussi: "(calli)graphie virtuelle" - tente de reunir en un seul mot les techniques de traitement de l'image et du texte par ordinateur. La compression de l'information constituant une activité caractéristique de ce dernier, il semble en effet envisageable de traduire ces nouvelles possibilités du graphisme électronique en supprimant par contraction la graphie habituelle en "-n(o)-" des mots composés à partir du terme grec eikôn (image, ressemblance; mais aussi: simulacre, fantôme, image de l'esprit - on retrouve ainsi la racine *eikô, dont le sens est nettement plus équivoque: être semblable; mais aussi: vraisemblance, probabilité/improbabilité - d'où l'idée de "virtualité"). Il importe donc de ne pas confondre cette néologie avec le sens habituel de "l'iconographie" - car en comprimant un mot, on peut lui donner un nouveau sens: alors que l'iconographe écrit à propos, c'est-à-dire "à côté" des images, l'icôgraphiste est un(e) artiste ou chercheur multimédia, qui travaille à l'intérieur même de celles-ci. En ce sens, le calligramme informatique ou virtuel est un icôgramme par excellence. Mais tout travail d'incrustation d'images dans un texte et vice-versa - et même d'images dans d'autres images, générées par ordinateur ou par "mise en réalité virtuelle" d'un objet extérieur, avec l'aide d'un scanner, pourrait être désigné par ce terme.


Wolfgang Wackernagel
Novembre 1993