La machine est une sorte de greffe technologique sur mon cerveau, l'adéquation de deux cerveaux. Cette intimité, qui me fait participer à l'image de l'intérieur, en fait une sorte d'inconscient informatique. L'écran devient la &laqno;scène du rêve».
L'ordinateur est boîte magique en tant que se crée un rapport entre le rêve et un instrument. Par le jeu de ses transparences, l'image plane se donne la dimension de la mémoire, d'un "bloc-notes" électronique.
On pourrait faire, en se référant à Freud , l'analogie entre le processus du rêve et le processus de création.
Le stockage des données dont l'accumulation est indépendante de l'image, sorte de contenu latent, le &laqno;travail» de la machine, travail de compression, de condensation, de déplacement, qui unit ce matériel mis en mémoire en de nouvelles surfaces, où le temps et l'espace permettent toutes les contiguïtés, toutes les coïncidences, toutes les transparences, toutes les superpositions, pourrait s'apparenter au &laqno;travail du rêve» dans l'espace et le temps du rêve.
Les données et leurs potentialités, tout comme le matériel psychique et ses stimuli, se confondent avec la logique vitale qui les organise, pour leur donner une nouvelle réalité. L'incohérence apparente de cette accumulation cache une logique et l'image sera le résultat d'une &laqno;digestion», d'une machinerie, dont on ne maîtrise pas les termes.
De la machine, l'image jaillit inlassablement, sorte de discours inconscient, dépendant d'un mécanisme souterrain, dont l'efficacité est comparable à la production figurale du rêve.
Libéré par la machine de la nature extérieure comme l'esprit par le rêve, l'artiste se laisse aspirer par les sortilèges de ce "monde intermédiaire" ...
D de B